La Blockchain ne cesse de faire parler d’elle. Que ce soit en finance, dans le crowdfunding ou même pour des élections électorales, sa technologie continue d’être exploitée. Après un premier article sur la Blockchain, nous souhaitions avoir l’avis d’un expert en la matière. Antoine Ferron a accepté de nous consacrer un peu de son temps et de nous partager son expertise.
Merci à lui et bonne lecture !
Bonjour Antoine. Avant de commencer l’interview, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Bonjour à tous, je suis ingénieur en radiocommunication de formation et passionné par la cryptographie et les communications numériques. J’ai découvert la Blockchain et le Bitcoin en 2011, puis je suis devenu formateur chez EurekaCertification. J’ai créé un moteur de recherche Blockchain et j’œuvre activement dans la communauté de Paris depuis 3 ans. Je travaille sur des applications de transfert d’actifs numériques en partenariat avec de grands acteurs traditionnels du paiement et aussi en conseil chez de grands acteurs de la finance.
En voilà un beau parcours ! Comment définiriez-vous la Blockchain et surtout : comment ça marche ?
La Blockchain, c’est avant tout un registre numérique décentralisé qui contient des transactions ou des algorithmes. Les informations sont contenues dans des blocs qui s’ajoutent au fur et à mesure du temps, créant une chaîne d’information infalsifiable. Le système est basé sur un consensus, dans lequel les différents acteurs s’accordent sur le contenu de ces informations. Tout ceci empêche de modifier les données une fois inscrites dans ce registre.
Dans ce système, il n’y a pas d’acteur ni de serveur central, ce qui permet, d’une certaine manière, de décentraliser la confiance. C’est un nouveau système où l’on peut transférer de la valeur sur Internet, comme les emails pour le courrier.
Quels sont les avantages et les inconvénients ?
L’avantage est l’émergence d’un nouvel outil qui permet, d’une part, de mettre différents acteurs d’accord sur les données enregistrées, et d’autre part de sécuriser véritablement des jetons numériques. On ne peut pas tricher en dupliquant ces jetons ou tricher sur l’exécution d’un algorithme !
Mais avec ce consensus décentralisé, il n’y a pas de réel dirigeant ni d’acteur central, ainsi c’est la communauté toute entière qui doit s’accorder pour accepter un changement, mais cela crée parfois de vifs débats techniques.
Y a-t-il des risques?
Dans la Blockchain, la sécurité informatique est primordiale. Les clés privées pour accéder à vos actifs doivent être sécurisées de manière correcte. Ce ne sont plus des malfrats avec une disqueuse qui découpent des coffres forts, mais des pirates informatiques qui tentent de récupérer cette information … Le problème est que cela peut être effectué à l’autre bout de la planète avec Internet. Il est donc primordial de sécuriser cette clé privée, comme par exemple, Citadelle en USB qui permet de la stocker sur un support physique isolé du réseau.
Sur Twitter, vous nous parliez d’une blockchain privée et d’une blockchain publique. Qu’est-ce que cela veut dire ?
L’ensemble des transactions sont publiques et n’importe qui peut s’y joindre et y ajouter de nouvelles transactions. Cependant, certains acteurs de la finance n’apprécient pas ces aspects et souhaitent limiter la visibilité et l’écriture. On parle alors de blockchain privée.
Ces systèmes ad hoc perdent de leur saveur et surtout certaines propriétés, en robustesse et en confiance. Plus un réseau est utilisé, comme Bitcoin ou Ethereum, plus il est disruptif et sécurisé. Seuls ces systèmes permettent de décentraliser la confiance. Une blockchain fermée et interne est au final assez proche d’une base de données décentralisée, qui n’est pas strictement nouveau, et nécessite la confiance des acteurs et dans la protection des accès aux serveurs.
Quels sont les milieux auxquels la blockchain peut s’appliquer, selon vous ?
Il existe de nombreux milieux d’application. Pour vous donner quelques exemples : le domaine bancaire pour le transfert de fonds, le paiement, le notariat électronique et la gestion d’actifs dématérialisés ou numériques.
Voyez-vous la Blockchain comme une menace pour les banques ?
Ce nouveau système n’est absolument pas une menace, ce n’est pas une arme contre les banques. C’est un nouvel outil, certes disruptif, mais qui apporte de nouvelles choses. Bitcoin par exemple, permet de redonner certains pouvoirs aux consommateurs. Ces derniers peuvent enfin contrôler leur fonds ou leur contrat, en ayant directement la main sur le déblocage des fonds ou bien sur ce qui s’execute. Ceci peut améliorer la confiance des consommateurs envers les banques.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples de compagnies utilisant la Blockchain?
JPMorganChase effectue des transferts de fonds internationaux entre Londres et Tokyo à l’aide de la blockchain.
Dell et Microsoft acceptent le Bitcoin en moyen de paiement.
Merci à Antoine Ferron d’avoir partagé son expertise sur le blog de Bolden.
Retrouvez également son avis sur l’application de la Blockchain dans le crowdlending, en cliquant ici.